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 Enterrer le passé

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2 participants
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Eregain
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Eregain


Masculin Date d'inscription : 05/11/2011
Messages : 42
Royaume : Soléandre
Titre : Duc de Soléandre

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MessageSujet: Enterrer le passé   Enterrer le passé EmptyDim 29 Avr - 11:09

Comme annoncé, la dépouille d'Angelot avait été laissée exposée trois jours durant dans les appartements du Palais. Tous ses anciens proches, ou plus exactement ceux de ses anciens proches qui avaient survécu aux purges successives et qui acceptaient encore de s'assumer comme tels, ainsi que la plupart des notables de la ville avaient pu passer présenter leurs hommages à la défunte.

Mais le Duc avait effectué quelques aménagements au programme originel. Il n'avait laissé que trois fenêtres de visite, une par jour, d'une heure chacune. Ainsi, à chaque fois, une petite foule se pressait à la porte du Palais, et l'hommage s'était déroulé comme tous les évènements publics de Soléandre, comme une vaste vitrine des allégeances, des complots qu'on voulait montrer et ceux qu'on voulait laisser soupçonner. Le Duc avait clairement affirmé sa suprématie en présidant au dépôt du corps, puis en accordant à la défunte un court quart d'heure de son temps. Il s'était entouré de ses proches en masse, de sorte que lorsqu'il sortit, il laissa la pièce presque vide. Le Lieutenant Général de Baq i Kawten, Tywqan, était venu le deuxième jour, et éit resté l'heure entière. Lui aussi était bien entouré, et sa présence signifiait à qui venait la constater que tout le monde ne se félicitait pas de cette mort.

Le jeu un peu futile de représentation pris fin lorsque les hommes du Palais prirent la dépouille pour la mener, à travers la ville, jusqu'au quartier des temples. Le cortège était sommaire, puisque Eregain avait demandé aux invités des funérailles de prendre place sur une estrade et de n'en plus bouger jusqu'à la fin du cérémonial. Tout soléandrin qui souhaitait être vu en bonne place était ainsi empêché de suivre le cortège funèbre, et le peuple lui-même, qui préférait voir que suivre, s'était précipité sur l'esplanade le plus tôt possible.

Angelot arriva sur les lieux de sa dernière apparition comme elle avait régné. Presque seule.
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Le Cardinal Blanc
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Le Cardinal Blanc


Masculin Date d'inscription : 14/11/2011
Messages : 71
Royaume : Empire Arshee d'Ical
Titre : Dictateur de Soléandre

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MessageSujet: Re: Enterrer le passé   Enterrer le passé EmptyLun 30 Avr - 1:03

Archeror d'Ical vivait très bien avec le passé. Son passé Soléandrin, du moins. Le Cardinal Blanc n'avait jamais aimé la Chambellan. Il l'avait même méprisée. Et maintenant elle était morte. Et il fallait l'enterrer. C'était dommage, en un sens. Le religieux n'en voyait guère l'utilité. L'Obad avait parfois de grands élans de pragmatisme et, dans le cas présent, il aurait préféré la fosse commune et le secret à la cérémonie publique et hypocrite. Mais il savait choisir ses combats, et adapter ses stratégies.

Aussi participa-t-il à l'élaboration des funérailles de celle qu'il avait appelé, fort de son irréprochable moralité, la Grande Putain. Il s'y prit de haut, avec un profond détachement, observant depuis son piédestal les préparatifs, les allées et venues des gens d'Eras et les courbettes hypocrites des nobles et des notables, soucieux de s'attirer les bonnes grâces d'Eregain. Lui-même se rendit, le troisième jour, auprès de la dépouille de celle qui avait dirigé la Cité pendant des siècles. Les convenances l'exigeaient, et les gens d'Arbros ne dérogeaient jamais aux convenances.

Archeror d'Ical arriva au Palais une vingtaine de minutes avant la fin de la dernière séance d'exposition. Il était accompagné de Kilak et de plusieurs notables du Culte d'Arbros, du Haut Recteur de l'Université, du Grand Archiviste Savater et de la quasi-totalité de l'État-major de l'armée Soléandrine. Tout comme Eregain, le Cardinal donnait une représentation, rassemblait sa clientèle. Qu'il ait pu convaincre les militaires de se présenter constituait, en soi, un tour de force: Angelot n'avait jamais favorisé l'armée régulière, préférant user de la Garde Royale du Palais, et s'était révélée être une meneuse minable dans la bataille, lors des rares occasions où elle avait jugé bon de franchir les murs du complexe palatial. Le haut commandement la haïssait, et tous arboraient une expression impénétrable. Ils accomplissaient leur devoir. Le seul, parmi tous, qui éprouvait sans doute une véritable tristesse, c'était Savater -à moins qu'il fut excellent acteur- : le vieil archiviste se tenait encore plus courbé qu'à l'habitude, sa voix semblait plus éraillée.

Malgré leurs sentiments divergents, tous sortirent -tous, sauf le Cardinal, qui fit déguerpir d'un regard glacial les gardes et officiels affectés à la surveillance du corps. On ne s'opposait pas au Patriarche de la religion Panthéonnique, et les heures établies par le Duc ne s'appliquaient certainement pas au terrible vieillard. L'Obad demeura une demie-heure seul dans la pièce qui accueillait le corps de la Chambellan, avant de sortir, droit et digne. Il partit sans prononcer une seule parole.

*******

Le lendemain, alors que les hommes d'Eregain amenaient lentement, traversant la Cité, le corps de la Chambellan jusqu'au Quartier des Temples, le Cardinal attendit sur l'esplanade, entouré des hauts dignitaires religieux. L'Esplanade se trouvait en plein coeur du Quartier des Temples. Ce dernier ne suivait aucun plan particulier, les divers édifices s'étant développés en des âges différents, et chacun affichant une architecture particulière. Le Cardinal, néanmoins, lors de sa Dictature, avait entrepris de grands travaux, faisant jeter à terre les temples anciens et païens -comme celui dédié à Baptistus. Il avait ainsi dégagé un large espace, qu'il avait préféré laissé vide. Il l'avait fait paver, bien entendu, et de savantes mosaïques s'y déployaient. Sept avenues -plus ou moins droites- y aboutissaient. Chacune, juste avant de déboucher sur la place, se séparait en deux voies plus petites, le centre étant occupé par une statue de l'un des Sept. Au centre de l'esplanade, on retrouvait une estrade surélevée, qui sur l'une de ses faces présentait un large escalier, et sur les trois autres des portraits des dieux -pas uniquement les Sept, cette fois.

C'est sur cette estrade que le Cardinal attendait l'arrivée du cortège. Il était entouré par une importante marée humaine, mais ce que l'on voyait surtout, rangées de chaque côté de l'estrade, c'étaient les robes des prêtres: le rouge d'Eras, certes, mais aussi, en nombre, les robes vertes et marrons des gens d'Arbros.

Les cloches du Quartier sonnaient lugubrement, marquant chaque minute: elles avaient commencer à retentir au moment même où le cortège quittait le palais, et ne devaient s'arrêter que lorsque la dépouille de la Chambellan atteindrait. Ce n'était pas un concert grandiose: seulement un sombre glas. Ces funérailles n'étaient pas une fête, mais Archeror avait refusé de se passer des cloches. L'attente serait marquée, comme il convenait. Tous retenaient leur souffle...
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