Duché d'Achellion

Domaine du Duc, 17h25, An 67 , Septième Ère du Monde

La jeune fille traversait le jardin, un bac à linge sous le coude, symbole de ses corvées. Ses longs cheveux noirs tempêtant autour de son visage, ses yeux bleus aussi vifs que des saphirs d'Armonia, fixant ses demi-soeurs d'un air mauvais.

A dix-neuf ans, elle était aussi fière et belle que l’était son cousin Eregain. A l'instar de celui-ci vivant dans le luxe Soléandrin, elle n'avait hérité que d'un titre noble, tiré du patronyme de son père géniteur.
Elena d'Achellion maudissait cet état de fait. Elle méprisait son père qui n’était qu'un coureur de jupons sans vergogne.

Bien sûr, Elena ne connaissait pas son cousin Eregain Duc de Soleandre, pas plus que son autre cousin John Dercartez qui était huissier dans la baronnie d'Eforssia, et encore moins sa soeur Allia Al Kornoz, jeune avocate dans un des comptoirs de Baq I Kawten.
Elena avait des soucis bien plus pressants comme cette gouvernante voyant en ce ramassis d'adolescents égarés, une main d'oeuvre gratuite non différente d'esclaves.

La jeune fille posa son bac à linge d'un geste rageur près de la Fontaine. Remettant en place une de ses mèches rebelles, elle souffla un bref instant et regarda ses frères et soeurs plus ou moins entrain de travailler.
Cette gouvernante semblait avoir des chouchous et d'autres qu'elle ne pouvait pas voir, pensée confirmée par un des autres orphelins enchaîné à la table de la cuisine scrutant le ciel ensoleillé au travers de la fenêtre.
Elena n'eut pourtant aucune pitié envers lui. Elle considérait cet endroit comme une place ou juste les meilleurs s'en sortirait. Un endroit qu'elle quitterait bientôt.

L'eau de la fontaine fut assombrie temporairement comme si on obscurcissait le soleil. La jeune fille s’apprêtait à laisser sa colère s'exprimer, quand son champ de vision fut dominé par un homme de stature noble et charismatique.

Il s'accroupit et tendit le paquet de linge par un sort de lévitation à la jeune fille. Sa cape dominant son pagne et son plastron, Elena ne put se faire des idées qu'à partir de son visage au cheveux coiffés à la gomina et d'un gris argenté. L’étranger lui accorda un fin sourire.

-Je te prie de m'excuser mais je cherche le Duc d'Achellion avec qui j'ai un rendez-vous de la plus haute importance... Mon nom est Anathael.

Elena était interloquée devant tant de noblesse et de délicatesse. Il avait été rare que les étrangers accordent plus de respect à ces adolescents traités de manière assez dure. Des serviteurs tout au plus, qui guidaient les visiteurs. La jeune fille tentait de se remettre de ce choc.

-Eh bien... commença-t-elle

Mais elle fut interrompue par la gouvernante qui surveillait toujours ce qu'il se passait. Commère de renom, Anathael ne fut guère surpris de la voir.

-Mon Seigneur... répondit la gouvernante esquissant une révérence pour l'occasion. D'un simple regard en biais, elle fit comprendre à Elena de déguerpir. Le Duc va vous recevoir sous peu. Je vous prie de me suivre...

Alors que le duo s’éloignait, dans les couloirs le menant au bureau du noble, Athanael repensait à la jeune fille. Il avait lu en elle sa colère, son désir de liberté et surtout ce qui commençait à séduire le seigneur: une énorme volonté, grandissante avec les jours s'allongeant.

Les Portes d’ébène s'ouvrirent sur un bureau assez large et luxueux. Un homme à la barbiche et d'une stature de nobliau, écrivait d'une plume frénétique sur un parchemin.

-Madame Guire laissait nous voulez-vous... s'adressa-t-il à la gouvernante sans même relever la tête.

Une fois celle-ci partit, Anathael s’avança scrutant les lieux, les observant et les gardant en mémoire.

-Je vous en prie prenez donc un siège proposa le Duc en le gratifiant d'un sourire.

Le seigneur s'adossa doucement humant l'air de la pièce avec sérénité. Il étudia d'un bref coup d'oeil le parchemin sur lequel le Duc travaillait. Il parcourut d'un regard distant la collection de statue d'ivoire avant de revenir à l'homme en question

-Duc d'Achellion... salua Anathael.
-Comte Dractis...répondit le noble

Ah oui ce titre était celui par lequel Athanael était rentré en contact avec l'homme. Soupirant intérieurement de devoir passer encore du temps avec un de ses multiples pions, le seigneur se résigna à cette visite quelque peu obligatoire.

-Je suis venu prendre connaissance de votre dernier rapport. Votre distinction en tant que membre de l'aristocratie soleandrinne nous permettant d'avoir accès aux dernières nouvelles de la Cité, je suis tout ouïe sur ces dernières...

-Ah oui Soleandre... commença le Duc, le gouvernement a changé. Le trio de masques a laissé place à une sorte de régime de triumvirat. Archeror d'Ical est de retour soutenu par un jeune freluquet qui a revendiqué le Titre de Duc de Soleandre... Chose non fortuite puisqu'il l'a obtenu et règne maintenant...

-Le vieux moine est toujours là... agitant sa robe blanche pour cacher ses manigances... déclara Anathael. Partager son pouvoir ne doit pas lui être chose facile, surtout pour un homme comme lui convaincu de sa supériorité ethnique et sociale...
-Sans doute... répondit le Duc. Il ne l'affiche cependant pas, et dans les salons cela n’est pas mentionné. Déjà que leur gouvernement est remis en question, ils ne vont pas montrer ouvertement s'ils sont divisés. Il y a peut-être des tensions sur lesquelles jouer mais pour le moment l'union fait la force et ils le savent.

-Que pouvez-vous m'apprendre sur ce jeune "freluquet"?
-Hormis qu'il est une nouvelle figure tournante de l'aristocratie soléandrinne? Guère de choses je ne le crains. dit le Duc en rangeant son parchemin. Il est le protégé des marchands gnomes de Baq I kawten, patrie d'où il vient d'ailleurs. Il en fut exilé il me semble par son ex-mentor d’après les rumeurs. Une affaire déplorable de complots et manipulations portée sur les sorciers, je crois.

Le noble se leva et fouilla dans ses étagères et en fit ressortir un parchemin.

-A l’époque reprit-il je n'y accordais pas plus de crédits que cela, car cela représentait les divagations d'une contrée sans importance à mes yeux. Mais aujourd'hui comme je tente de comprendre à qui j'ai affaire, il ne faut négliger aucune information. Par conséquent j'ai fait vérifier ces dires en soudoyant quelques gnomes. L'affaire est véridique. Le jeune homme est le vieux gnome Qunhae s’était séparé à cause de cette histoire, le vieux gnome le bannissant après avoir eu l'accord de leur Conseil...

-Quel était le coeur de leur différend? s'enquit Anathael...


Chambre 312, appartement d'Ellana.

La jeune fille adossée contre le mur près de son lit, regardait le plafond. Elle s'ennuyait. L'heure du repas approchant , les enfants étaient consignés dans leur chambre en attendant leur soupe.
Ellana attrapa lentement son violon. L'instrument de musique fruit des maigres possessions d'Ellana, constituait son principal loisir. Mais avant tout, la jeune fille pratiquait car cet art lui conférait du réconfort dans cette vie misérable. La musique avait aussi le don d’atténuer sa colère.
Quelques notes s’élevèrent pour saluer le soleil couchant.

Le Duc laissa le silence prendre un peu place.

-Le jeune homme torturait des sorciers. Sous le prétexte de les contrôler via un rituel assez noir, il se créait une armée de créatures puissantes. Une sorte de garde d’élite personnelle. Je ne sais en quoi cela horrifia le vieux gnome car celui-ci n'est pas connu pour laisser ses sentiments guider son jugement. Je ne sais pas non plus à quoi ressemble ces créatures.
J'aurais tendance à penser qu'elles sont plutôt violentes, ceci étant du à leur endoctrinement.On ne les voit jamais. Le peuple de Soleandre a commencé à créer deux trois légendes urbaines sur eux, mais guère plus de choses censées.
-Ce sont donc d'anciens sorciers animés d'une servitude sans fin et consumés par des sentiments noirs analysa Anathael
-Comte Dractis vous souhaitez diminuer le pouvoir de Soleandre... Eh bien il y a une rumeur concernant un empire elfe ancien vers lequel le seigneur Qunhae serait allé. Il y a apporter de grandes ressources logistiques et économiques. Les gnomes ne sont pas connu pour leur générosité.On pourrait croire qu'ils ont fait ceci pour ennuyer le Conglomérat mais ce n'est pas suffisant d'armer une seule région, d'autant plus qu'il ne semble pas offensif mais plutôt éducatif ce projet...
-Et que les gnomes en échange sont venus chercher une personne... acheva Anathael.

Devant le hoquet de surprise du noble, le seigneur poursuivit:

-J'ai des agents dans ce convoi.Je ne vais pas tarder à savoir qui sera la personne qu'il emmène et où... Les gnomes m'ont appris que l'argent déliaient les langues...
Que pouvez-vous m'apprendre d'autres?...

Chambre 312, appartement d'Ellana.

La porte s'ouvrit et le plateau repas en métal un peu rouillé, fut posé sur le tabouret, avant qu'on ne referme dans un claquement sinistre.
Ellana le prit et s'adossa de nouveau au mur, mâchouillant lentement ses aliments en regardant le soleil couchant de cette belle soirée estivale.

Le noble se recula un peu sur son siège.Prenant le temps d'évaluer son hôte, il repensait à certaines choses.

-Oui. On annonce de grands évènements pour les mois à venir. Je pense que le Duc a des projets importants. Il a achevé la restructuration du contrôle de la Cité, autant administratif que militaire. Mais j'ai pu récupérer ceci: les plans de la Sainte-Cité de Soléandre!

Le sourcil d'Anathael se souleva. La curiosité laissa place à la méfiance au fur et à mesure qu'il se penchait sur les manuscrits précieux.

Chambre 312, appartement d'Ellana.

La fille passa ses doigts sur les carreaux de la fenêtre sans réellement regarder au dehors, plutôt perdue dans ses pensées sans fin comme un voyage intérieur à la recherche de soi-même.Elle tranchait singulièrement avec le reste des autres adolescents présents ici. Elle ne voyait pas ce tant estimé père, fantôme autant dans sa vie que dans celle de sa pauvre mère.

Ellana reprit son violon et joua quelques notes en observant le soleil de ses yeux bleus. Un fin sourire anima ses lèvres quand une note plus suave et plus sensuelle susurra à son oreille des sensations nouvelles. Une mélodie semblait se créer tantôt dynamique tantôt sulfureuse comme la braise...

Chaque ligne décrivait avec précision les fondations, les égouts ou encore les remparts de la Cité Sainte. Anathael absorbait chaque détail, relevait chaque chose qui pourrait être crucial bien qu'il prenait les plans avec lui.
Il ne l'avoua pas à son pion mais il ne trouva pas ce qu'il cherchait absolument.

-Cela convient-il à mon Seigneur? demanda avec un sourire le Duc
-Plus ou moins... L'attaque sur Soléandre n'est pas à l'ordre du jour contra Anathael
-Avec ce jeune Duc à la tête des armées, la Cité est prête à tomber...

Un éclair passa sur le visage du seigneur.

-C'est plutôt le contraire. Ce jeune Duc comme vous dite peut être le problème qui nous fera perdre du temps. Avec le vieux cardinal à ses côtés, le jeune homme peut se révéler être un adversaire redoutable...
-Avec les plans en votre possession vous pouvez faire chuter le pouvoir de la Cité, et rendre au Monde sa suzeraineté!

Les yeux restant rivés sur le parchemin, Anathael ne répondit pas mais soupira intérieurement. Ce nobliau plein d'ambition était prêt à trahir ses frères soléandrins en échange d'un peu de pouvoir... Il ne prit pas la peine de lui expliquer que tout ceci concernait les âmes...

Chambre 312, appartement d'Ellana.
Il était rouge bordeaux, plus sombre que d'ordinaire car apparemment il venait d'endroits plus profonds. Il coulait lentement comme si la vie elle-même prenait plaisir à partir de ce réceptacle sans défense. Le liquide continuait, serpentant entre les rainures de bois par endroit usées et profondes. Mais il ne s'arrêtait pas comme alimenté sans fin.

Elena était assise contre son lit, les jambes étendues devant elle, les bras sans réelle volonté mais allongés sur le côté. La sueur perlait de son front , ses yeux semblaient chercher en vain de l'aide, à moitié perdus dans la brume, se voilant, attristés que la vie quitte ce corps. Elle ne pouvait parler, le sang coulait de sa bouche tâchant ses vêtements et serpentant sur le sol.Elle haletait, secouée par instants, des hoquets d'incompréhension par rapport à ce qui lui arrivait...
Pour compléter l'oeuvre du Diable, les veines bleues apparurent, plus tranchées et commencèrent à noircir, se dirigeant sans peine à travers son corps, afin d'entraîner dans les ténèbres le dernier morceau de son âme encore intact. Un morceau qu'Elena ne devinait trop bien. Son coeur semblait fondre, enveloppé dans un voile noir, comme une fleur se flétrissant.

Le décor sembla disparaître alors même que la plus noire des lumières entrait dans sa chambre.

Couloir des chambres 300 à 350

Elle l'intriguait indéniablement cette petite. Et c'est donc à travers une visite de courtoisie portée sur l'adieu, qu'Anathael voulait en apprendre plus sur cette petite. Les plis de sa cape voletant autour de lui, le seigneur s'avançait. Il avait pris congé du nobliau et avait donc demandé, ne souffrant aucune question sur sa démarche, à la gouvernante. Il approchait donc.

312 avait dit la femme. Il s'arrêta devant la plaque de métal portant le numéro un peu érodé. Du dos de la main, il toqua doucement sur la porte demandant l'invitation à entrée. Après une attente qui devenait anormale, il perçut un gémissement , comme un animal blessé. Il entra et aperçut un triste spectacle..

Il ferma la porte. Des âmes mourantes arpentant le monde, la plus précieuse se tenait là, agonisante devant lui...

Chambre 312, appartement d'Ellana.

Le seigneur avança lentement sans cacher son intérêt pour la fleur noire qui se fanait devant lui. La jeune fille était agitée et en colère totale contre le mal qui la rongeait, gangrène pour laquelle elle n'avait aucune idée et surtout, Ellana sentait l'impuissance doublée d'incompréhension, la dévorait complètement. Une malédiction? De quoi pouvait-elle être coupable pour mériter pareil sort?

L'homme regarda par la fenêtre pour s'assurer de la situation dans laquelle se trouvait le pensionnat. Tout était calme , parfait. Sans plus attendre, il se tourna vers la jeune fille et dévisagea les veines noires; le berceau de la vie assombri, les rainures porteuses de vie rejoignaient elles aussi, cet amas de noirceur.

-C'est donc le sang... déclara enfin Anathael la source du Mal... Certainement un sort complexe. Je ne sens pas d'idoles ou d'objets maléfiques à ton encontre dans ce bâtiment. J'ai une offre à te proposer. Je peux te sauver et te donner les moyens de te venger de ce qu'il t'arrive. En échange je te demanderai une loyauté infaillible.

La hargne de s'en sortir fit que la fille secoua la tête d'un oui singulier.

-Bien... reprit l'homme mais j'ai besoin que tu contrôles tes émotions. On dirait que la longévité de ton corps y est relié pour le moment. Evidemment il va falloir modifier singulièrement ton génotype afin que le sang de ton corps soit différent de celui corrompu par le sort.Heureusement nous avons tout ce qu'il nous faut dans ce lieu. En attendant mon retour, tu vas dormir.

Le seigneur mit la pointe de son index sur le front juvénile. Ellana ferma doucement les yeux, sa respiration saccadée commença à reprendre un rythme convenant. Un sourire de satisfaction sur les lèvres, l'homme sortit...

Des hurlements brefs mais amplifiés par la douleur retentirent dans tout le bâtiment. Il n'y avait pas de sang pas de traces de violences, mais on ne pouvait traverser des couloirs ou entrer dans des chambres sans tomber sur des cadavres.
Les corps des cent personnes présentes dans ce lieu peuplèrent le décor, transformant la place en un cimetière silencieux.

De retour dans la chambre, Anathael s'agenouilla devant Ellana et ouvrit sa main gauche qui contenait une sorte de sphère dont le rayonnement aveuglait considérablement. La fille détourna la tête alors que l'homme plongeait la lumière dans le corps meurtri.
Alors qu'Ellana hurlait à en déchirer les tympans, de la lumière sortit de ses yeux et de sa bouche. Le noir disparut du réceptacle charnel, le sang redevenant rouge et les veines bleues.

Un peu groggy, la jeune fille regardait dans le vague, l'opération lui causant un mal de crâne. Anathael la porta et ils disparurent du bâtiment. Dans quelques minutes ils auraient quitté la ville sans encombre.

Alors que le vent semblait agité les rideaux des fenêtres et que les yeux des morts fixaient le Ciel criant à l'injustice, un silence grave habitait le lieu. Ni fantômes ni apparitions ne secouaient de leurs démences les murs vides.

Une sensation,un picotement et enfin il put sentir au loin les répercussions. C'était impossible, non pas impossible, peu probable que cela arrive. Barradrine se téléporta en un instant dans ses appartements. Là, il empoigna « l'oeil » artefact magique abandonné par Zurak. Utilisant son lien magique avec le point de rupture il fit apparaître à la surface de l’œil l'endroit exact qu'il recherchait. De sa main gauche, il traça une porte et fit apparaître un portail d'ombre. La demi-liche abandonna ses habits d'archimage pour reprendre son apparence et ses vêtements d’origine. Dans la seconde qui suivit, le mort se retrouva dans une petite chambre. Un lit était recouvert de sang tout comme le plancher.

Le mort regarda la chambre, ce sang noir appartenait au maudit. Il en cueillit un grand échantillon, puis se concentra sur ses sens de demi-liche. Il se dégageait de l'endroit une sombre magie, le bâtiment en entier en était empli. Une personne seule, car la magie était la même partout. Il y avait des cadavres tous morts par centaines. La magie était récente et l'utilisateur était parti depuis peu. Le mort-vivant sortit de la porte en lévitant. Les premiers cadavres qu'il rencontra étaient tous morts de la même façon et leurs âmes avaient été aspirés. Ainsi, le mort était privé de sa principale source d'information, utilisant ses sens magiques il inspecta l'endroit, effectivement il n'y avait nulle âme sur les lieux.

Il n'aimait pas savoir qu'une « proie » s’était échappée. Il laissa libre cours à sa frustration et sa colère. Le mort-vivant laissa sa voix d'outre-tombe s'élever dans les aires des lieux à la ronde. Les plantes dans le lieu d'action se fanèrent et moururent en quelques instants et les quelconques êtres vivants, bêtes ou homme, purent sentir leur cœur cesser de battre en l'instant.

Ce fut alors que Barradrine eut une idée, la demi-liche se téléporta dans la chambre de la fille vidant tiroir et commode, linge sale y compris. Puis, il revint sur la grande place par les mêmes moyens de déplacement. Là il utilisa sa puissance noire pour faire venir à lui des créatures d'outre-tombe. Une sombre brume tomba sur le sol, des reniflements et des grognements se firent entendre. Dans la brume des lueurs rouges firent leur apparition. Un visage s'approcha de Barradrine, puis un second, un troisième, un quatrième et finalement un cinquième. Créatures terrifiantes, elles étaient plus grandes que des chevaux. Leur queue se finissait par une lame acérée prête à découper en rondelle leur proie. Leur posture faisait penser à un gorille, leur carrure par contre était celle d'un énorme bœuf. C'étaient de puissant prédateur sans nul doute.

Ce fût à ce moment que Barradrine lança par terre la lingerie trouver dans la chambre. Les monstres se jetèrent sur le linge en le déchirant et en le reniflant.

-Oui c'est très bien allez trouvez-moi cette bâtarde et son petit toutou qui l'a sauvée

Les monstres hurlèrent en plein jour et partirent en chasses des deux fuyards...

Spoiler:

Ruines du temple d'Armélia, à vingt kilomètres du Duché d'Achellion

L'homme posa la cruche de cristal sur une table de marbre au bords effondrés. Il avait opté pour ce lieu car la créature qui se faisait passer pour une déesse de la nature avait délaissé l'endroit de son énergie et en somme de son influence.

Anathael épongea le front de sa nouvelle protégée, humidifiant ses lèvres parfois avec de l'eau. Le mal de crâne descendait un peu mais il faudrait une bonne nuit minimum pour qu'elle puisse reprendre des forces de façon convenable. Il dégrafa sa cape en en fit une couverture pour la jeune fille. Elle dormait profondément et il ne fallait pas la déranger. Il sortit de la salle et verrouilla les portes, marchant dans le temple en ruine avant de prendre les restes d'un escalier, de gravir les marches et de monter sur la toiture ou quelques colonnes à moitié décapitées, défiaient le ciel. Là il se tînt droit et fier le vent faisant parfois virevolter les bas de sa jupe de chevalier. La lune se reflétait dans son plastron mais ses yeux, eux, s'ils avaient encore de l'éclat, semblaient soucieux.

Il croisa ses mains dans dos et laissa sa présence couvrir le lieu abandonné.

Il y avait eu un écho non loin d'ici. Une sorte de vibration due à à la fissure entre deux mondes...

Pourquoi y avait-il une telle déformation! C'était là la question que l'homme devait se poser, quand il put entendre aux loin de sinistres hurlements. Ce n'étaient pas des loups, ni des wolfens, ni des lycanthropes. Le seigneur n'avait jamais entendu de ses propres oreilles ce hurlement.

Les cris semblaient se rapprocher de plus en plus. Si, le Comte Dractis connaissait la façon de faire des canidés chassant en meute il aurait compris se qui se passait. Ayant su par l’odeur qu'ils se rapprochaient de la cible, les monstres s’étaient séparés dans le but d'encercler la proie. Le chef de meute suivait l'odeur et par ses hurlements indiquait sa position et son approche du futur morceau de viande. Les autres individus répondaient pour indiquer leur position dans le but de se coordonner. Quand ils seraient assez proches, les monstres ne hurleraient plus et garderaient le silence, ce serait le calme avant la tempête.


Avait-il assez d'expérience avec les loups, lycanthrope et autres créatures semblables pour comprendre ceci ? Comprendrait-il aussi que le but de la meute était avant tout de tuer la jeune fille et non lui...même s'ils risquaient certainement de s'en prendre à l'individu montant la garde à l'extérieur en premier. Verrait-il dans le feu de l'action la gigantesque ombre cachant furtivement la surface de la lune avant de disparaître dans les nuages ?

On n'échappait pas au courroux de Barradrine impunément.

Les hurlements en question se firent plus familiers quand les bêtes se rapprochèrent.
Des moorwen... C'était cela qui était après eux? Le problème des créatures c'est qu'elles semblaient les traquer et leur position indiquait qu'elles se rapprochaient très vite.
Pourtant Anathael les connaissait vaguement. Elles ne vivaient pas dans la région. Certaines rumeurs disaient qu'elles se reproduisaient au Cartal. D'autres mentionnaient le Gortork et autres terres noircies...

Là les contrées boisées environnaient le duo de fuyards. Quelqu'un les avait donc envoyés à sa recherche? Ce devait donc être le lanceur de la malédiction... Quelle valeur la petite possédait-elle? Le constat l'amusait et excitait encore plus cette course-poursuite.

Il leva un doigt de sa main gauche et de la fumée sortit de la pierre. Elle prit la forme de plusieurs Ellanas. Même odeur, même habits et même personnalités. Ces échos avait pourtant le regard perdu dans le vide et n'était en fin de compte que des spectres.
Sur un mouvement de l'homme, les apparitions se faufilèrent dans la forêt à la recherche des créatures. Des rires morbides d'outre-tombe retentissaient quand les poupées fantômes trouvaient une des bêtes et la tourmentaient.

Cela ne suffirait certainement pas. Mais c'était plaisant de jouer avec des pantins.

La fille était hors d'atteinte certes, la porte en pierre du Saint des Saints n'étant pas ouvrable pour une bête mais la cruauté de détruire un adversaire inopportun prenait le dessus...

Les illusions spectrales étaient pratiques pour confondre, tourmenter , mélanger les sens et confondre les pistes. Les morweens tentaient de s'en défaire en mordant, griffant et en fouettant l'air, mais ceci ne faisait rien aux Elena. Les bêtes ne comprenaient pas et s'attardaient sur les illusions. Les femmes spectrales auraient pu retarder longtemps les morween si....s'il n'y avait pas eu cette ombre ailée dans les nuages.

L'ombre se faisait discrète, cachée derrière les nuages et loin de la lumière de la lune et du ciel à découvert. Bien qu'invisible pour les yeux, sa présence prolongée sur les lieux se faisait sentir encore plus que les morweens. Les animaux terrifiés et stressés semblaient s'être enfuis. La forêt semblait à l'écoute. La magie s'était alourdie et pour tout être magique une présence lourde et écrasante commençait à se faire sentir. Chaque Elena fût terrassé par un vent brutal de magie ne laissant aucune chance aux illusions de se maintenir.

Les morween déstabilisés reprirent leur avance, enragée par ce qui était arrivé. Au final, le comte avait économisé une dizaine de minutes. Maintenant les moorwens étaient très près... trop près. Ils s'élançaient sur le bâtiment à la course. Que ferait le seigneur ou qu'avait fait-il fait durant ses dix longues minutes de répits? Elena semblait toujours dormir pour l'instant... elle semblait s'agiter dans son sommeil, les bruits ambiants la dérangeaient quelque peu...

Les ruines étaient une arène. Ni plus ni moins. Un piège tendu à tout poursuivant jugé trop hardi et cupide pour rester en vie.
Un des moorwen pénétra donc dans le lieu saint, exécutant bêtement l'ordre de son maître.Il finit ensevelie sous une chute de pierre. Un bruit sourd, une serre se posa et se rétractant, effrita la surface rocailleuse.
Un cri strident dans le ciel salua la disparition de la bête. Un griffon de pierre se tenait droit et fier. La gargouille de ses yeux rouges fixa un bref instant l'endroit où se tenait son ennemi puis avança à la rencontre des suivants, dissimulés dans les ruines austères et sombres.
Quatres autres cris de rapaces retentirent ,défiant les moorwen. Un à zéro... excitant!

Elena remuait un peu dans son sommeil puis finalement se détendit, un sentiment de sécurité l'enveloppant. le saint des Saint n'était pas accessibles directement. Cela n'aurait aucun divertissement à procurer. Le couloir qui y menait, changea abruptement de direction. En fait tout l'ensemble sembla grincer comme si de multiples facettes de l'édifice coulissaient...

Anathael s'assit sur les restes encore bien conservés d'un siège seigneurial, autrefois destinés à la Grande Prêtresse. Il s'appuya sur l'accoudoir, un sourire illuminant ses lèvres. Surplombant les restes, le toit permettait d'avoir un oeil sur tout l'édifice religieux. Tranquillement sur la terrasse, l'homme ne perdait pas une miette du spectacle.

La partie d'échec s'annonçait singulièrement perverse...

Les Morweens étaient dispersés et maintenant silencieux, les lumières de leur corps s'étaient éteintes. Avantage certain, les gargouilles ne pouvaient éteindre complètement le feu qui brillait dans leurs yeux. Des griffons de pierres étaient des adversaires redoutables pour une créature qui ne se servait que de ses armes naturelles. Heureusement, les moorwen étaient des créatures intelligentes, contrairement aux griffons de pierre. C'était là leur seul avantage...

Une partie d'échecs ne consistait pas à abattre toutes les pièces,seulement le roi. Ici, il n'y avait qu'un roi... Elena et c'était sur sa piste que les morween se dirigeaient. À ne pas en douter, la plupart des griffons se trouvaient tout proches du ou des passages menant à la fille et attendaient de voir se pointer un ennemi. Pourquoi bouger dans le labyrinthe quand les moorween devaient bouger pour gagner la partie? Le griffon qui avait attaqué leur compère dès sa rentrée devait être seul.

Peut-être qu'un se trouvait au centre, mais cela devait être tout, ce qui était agaçant avec des créatures de pierre...l'absence d'odeur. Il était impossible de repérer les gargouilles par l'odorat, seulement par la vue et l’ouïe. Les bêtes savaient tout ceci, sans le penser avec autant de précision. C'étaient un phénomène naturel. Les bisons formaient un cercle autour des femelles et les jeunes et pointaient leur défense vers les prédateurs attentifs. Ils ne chassaient pas les prédateurs, se contentant d'attendre qu'ils attaquent...

Les animaux restaient silencieux, avançant à petits pas et s'arrêtant au moindre bruit pour écouter. Ils avançaient et se cachaient dans l'ombre lorsqu'un des murs bougeait et ils attendaient encore. Une véritable partie d'échecs aurait été plus distrayante. Tranquillement, mais sûrement, les êtres de chair et de sang se regroupaient et se rapprochaient. Ils avançaient maintenant par pairs. Un peu plus tard, un des individus de la meute remarqua l'éclat rouge des yeux d'une gargouille, silencieuse et immobile. Ce fut à ce malencontreux moment que le labyrinthe bougea. Le mur procurant ombre aux deux individus bougea et la gargouille les repéras. Dans un bruit strident, le monstre de pierres s'élança vers un des deux moorwen.


Utilisant son corps musclé et robuste, l'être vivant fracassa une partie du mur qui s'écroula bloquant le blocage au griffon qui dut prendre de l'altitude pour éviter la partie effondrée. Les deux proies du monstre magique déguerpissaient à vive allure sautant par dessus les murs et s'agrippaient aux poutres. Le griffon fondit sur ses proies. La pauvre victime dut échanger sa poutre pour la terre ferme pour éviter l'attaque du monstre. Celui-ci vint alors se percher sur celle-ci et jaugea les deux proies. Bientôt, une deuxième gargouille vint faire son apparition attirée par le vacarme et se posa tout proche des intrus.

Ce fut à ce moment qu'un troisième membre de la meute, l'alpha, arriva en fracassant le mur et percuta de ton son poids la première créature de pierre qu'il rencontra. Les deux monstres traversèrent un premier mur, puis un autre avant de s'arrêter. Normalement, l'animal aurait déjà eu raison de sa victime, coups de griffes et fouets avaient « rayé » le corps de pierre malheureusement trop coriace, en contrepartie une blessure infligée par le bec du monstre était visible sur le torse du moorwen. Ce dernier se tenait tant bien que mal sur le dos de la gargouille en le tenant par le cou.

Aussi stupide que cela puisse paraître, il essayait vraisemblablement d'étouffer le monstre ou de lui broyer le cou. Cela bien sûr ne marchait pas, mais le griffon semblait incapable de déloger son ennemie de sur son dos. Ils étaient dans une sorte d'impasse ou la résistance surnaturelle défiait la force physique de l'animal. Finalement, le moorwen parvint grâce à son incroyable force à faire approcher le griffon d'une poutre plus grande et plus lourde. Faiblissant dangereusement et de plus en plus instables sur le dos du monstre, il s'élança sur la structure endurant la douleur. Le grand étalage de brique et de pierre s'effondra sur le griffon qui avait le dos tourné...

Durant ce temps, l'un des deux autres chasseurs était mort, d'une chute vertigineuse. Effectivement, les deux individus avaient pris l'initiative et avaient bondi sur le deuxième ennemi perché. Celui-ci s'était envolé pour esquiver l'attaque, mais l'un des deux moorwen c'était accroché aux pattes de l’oiseau. Celui-ci avait bêtement refusé de décrocher et ses forces l'avaient lâché trop haut dans les airs...

Par contre, la bête de pierre n'avait jamais réapparu, l'ombre l'avait happé dans les nuages...noirs. Ces nuages artificiels créer par magie couvraient une grande partie du Ciel. Ils s'étaient répandus doucement avec l'arrivée des moorwen et semblaient commencer une lente descente vers le sol. Lorsqu'ils toucheraient le sol, le bâtiment serait enveloppé dans les nuages et il y serait presque impossible d'y distinguer quoi que ce soit.



Elena avait dormi d'un sommeil profond grâce au Saint des Saints et à sa relative sécurité, mais soudainement à l'approche du nuage son corps s'agita, inconsciemment son corps reconnaissait la magie. Les rêves de la jeune et douce fille se transformèrent en cauchemar : océan de sang rouge foncé, elle se revoyait mourante dans sa chambre étouffant dans son sang, puis dans le néant de la mort. Elle se réveilla en sursaut et paniqué son cœur battait follement dans sa poitrine. Elle avait l'étrange sensation qu'elle allait mourir et qu'elle ne pouvait y échapper. Elle devait fuir loin et vite courir s'éloigner de la présence maléfique qui semblait la traquer, alors qu'elle ne pouvait pas la voir.

Puis Elena arrêta de paniquer. Elle se rappelait que quelqu'un avait brisé cette magie profane. Cette personne l'avait mis en pièce sans se fatiguer. La haine, la colère et la frustration de ce qui lui était arrivé revinrent au galop, alimentant sa conscience d'idées.
La fille sortit du Saint des Saints. Son mal de crâne passé, elle pouvait se diriger sans tituber... Elle avança vers ce qui semblait être une porte de bois ancien et l'ouvrit mais la poignée lui resta dans la main. Elle mit un puissant coup droit de son bras, et la porte se fendit , s'effondrant sur elle-même.
Les couloirs changèrent de nouveau, forçant Elena à avancer à l'intérieur. Elle courut et franchit douze mètres en deux secondes. Elle exécuta une chute en avant et se repositionna de manière stable , un genou à terre. Se tenant sur un bras, l'autre massant sa tempe, la jeune fille se posait des questions. Elle était bien plus rapide et forte qu'auparavant. Sa respiration faisant se soulever sa poitrine à un rythme tantôt vif tantôt lent, se calma quand Elena s'adossa à un mur froid.

Les doigt glissant doucement d'avant en arrière, Anathael semblait réfléchir. ...Tu voulais faire sortir la Reine de sa cachette?... Pourquoi pas, mais cela ne servirait à rien. ...Méfies-toi d'elle...
Il n'allait pas la sauver tout de suite. Cette arène pouvait servir à un bon entraînement pour aiguiser ses capacités. L'homme abaissa ses yeux et sur le tas de gravats où était ensevelis le défunt moorwen qui avait débuté la partie, le tout se mit à bouger. Un golem de chair à l'armure de pierre se matérialisa. Il brisa une colonne et s'en servit comme arme. Un rugissement salua sa naissance.
... Comment vas-tu battre ma Tour?...

Elena se releva et courut, se faufilant, alors que les couloirs et autres pièces changeaient dans ce temple labyrinthe. La fille arriva alors dans une alcôve large où un squelette parcouru de toiles d'araignées fixait le sol, sa mâchoire à moitié ouverte, les dent du haut manquantes. La jeune fille prit l'épée. Elle lui sembla un peu lourde au début puis son bras se familiarisa avec le poids.
Elena ressortit de l'alcôve et courut de nouveau en direction d'une éventuelle sortie.

Ce n'était pas un jeu d'échecs, parce qu'il n'y avait aucune pièce pouvant qualifier ce qui se trouvait dans le nuage, au mieux c'était le roi et la reine. La sombre masse descendait toujours lentement vers le sol. Soudainement une sombre masse de ténèbres tomba dans l’arène à quelques pas du golem de chairs.

Spoiler:

C'était une armure vivante complètement fait d'un métal noir. Au centre de l'armure se nichait un monstre d'ombre. La créature tenait un énorme et difforme bouclier à tête de..démon et de l'autre tenait une gigantesque épée. Cette bête d'ombre n'était qu'un prince des ombres utilisé dans l'Armée Cartalienne...

C'était complètement insensé de jouer et déplacer une tour en début de partie, sa position, le fait que le jeu n'était pas assez ouvert le rendait inutile dans les débuts... par contre, un cavalier pouvait faire des ravages en début de partie.

C'était là un cavalier de par sa méthode de déplacement étrange. Lorsqu'un l'immense golem le chargea le prince des ombres n'arrêta pas le coup. Il disparut tout simplement...pour réapparaître dans le dos du golem pour venir le percuter de son bouclier dans l'une des épaules du monstre. Le coup surnaturel et puissant fit vaciller la chose pendant que la pierre se fendait et s'effritait laissant les pointes du bouclier pénétrer la chair. Le golem vacilla vers l'avant abandonnant son arme pour se réceptionner et éviter de ne pas tomber...

Un moorwen était mort de la main d'une gargouille qui se félicitait de sa réussite. Malheureusement, une autre pièce tombait au sol. Beaucoup plus grands que le cavalier et complètement ténébreux. C'était là un ténébreux bipède, lui et le prince des ombres étaient tous les deux des créatures invoquées, mais surtout des créatures que l'armée Cartalienne utilisait. Ceci ne pouvait signifier qu'une chose, le poursuivant se trouvait dans le nuage magique. Le véritable danger se trouait dans cette masse sombre qui approchait dangereusement.

Le ténébreux semblait mesurer 7 mètres, il était puissant et massif. Sa force et ses pouvoirs ne pouvaient rivaliser avec aucune autre pièce en jeu. En fait, ce monstre faisait partie des créatures les plus dangereuses du monde. Il y avait des dangers bien pires, mais c'était une créature à ne pas prendre à la légère. Pour le moment c'était là certainement une tour...

Spoiler:

Finalement, le nuage toucha enfin le bâtiment et Anathael put comprendre le danger de cette magie. C'était là de l'énergie négative, en grande quantité. Les pouvoirs des morts-vivants augmenteraient sur le terrain, et les forces des êtres vivants iraient en s'amenuisant jusqu'à les amener dans la mort...Elena était en danger.

Pour l'ombre dans les nuages, il y avait une autre raison à la création de cette masse d'énergie négative. Il avait senti la présence d'âme en peine dans les parages. Ces créatures mort-vivantes et maléfiques rodaient dans les profondeurs du donjons, dans les cimetières et dans les lieux saints abandonnés...la présence de toute cette énergie négative avait attiré toutes les âmes en peine proches du lieu saint. Ses créatures se regroupèrent puis fusionnèrent pour former une légion en peine. Un tel phénomène était rare dans le monde des vivants. Ceci nécessitait de regrouper 5 ou 6 de ses créatures et d'avoir dans le lieu de regroupement une intense énergie négative...

Spoiler:

Des visages, des membres et des yeux rougeoyants apparaissaient puis disparaissaient de façon chaotique sur son corps. Des éclairs d'énergie négative de couleur violette tirant sur le noir parcouraient son corps, comme des éclairs zébrant un nuage orageux. Le monstre volait de façon surnaturelle et n'avait que faire des murs, plus dangereux que la tour c'était là le fou. Ce fou parcourait le monde des vivants s'attaquant à toute forme de vie.

Or, ici il n'y en avait pas beaucoup et malheureusement ce monstre visa l'homme assis sur son siège sur son balcon. Le monstre s'envola et s'apprêta à attaquer le seigneur...

Toc toc... le bruit continuait. Anathael avait le regard un peu dans le vague. Trois pièces ennemies avaient fait leur apparition et avait mis à bas la Tour du Seigneur.

Poussant un profond soupir, il observa le fou ennemi lui tomber dessus. La pièce adverse disparue dans un halo de lumière brute percée par un cri strident comme celui d'un oiseau. Bon, il lui restait quelques tours dans sa manche. Il invoqua son cavalier. De l'escalier menant au hall souterrain, émergea un chevalier spectre chevauchant une monture de l'Enfer.

Le cavalier ennemi eut la tête coupée net. Alors qu'elle tombait dans un bruit métallique sourd, il y eut un petite rire d'outre-tombe suivit d'une faux de fer blanc. Un bouffon démoniaque au teint blême et aux yeux entourés de symboles sataniques, se tenait sur le rebord en arrière, sa tête oscillant de droite à gauche. Avec un autre ricanement, il fit un salto arrière et disparut entre deux murets. Un bruit sourd venant de l’intérieur indiqua que le lieu changeait encore ses entrailles.

Elena , un peu haletante, poursuivait son chemin à travers le dédale, la sueur perlant de son front juvénile. Remettant une mèche sombre en arrière, elle fit une pause au détour d'un couloir. Plus loin la sortie se dessinait. Elle courut à toute vitesse et se retrouva dans la forêt. Mais alors qu'elle pensait pouvoir se reposer quelques instant, une apparition spectrale se dessina devant elle. C'était l'homme qui l'avait sauvé. Il ne dit pas un mot, mais posa doucement le doigt sur les lèvres de la fille lui imposant le silence.
Une fois , les interrogation enfermées dans le regard, l'apparition la fixa et recula, montrant un chemin, la guidant vers le salut. Une pression, un sentiment d'urgence s’abattit sur le coeur d'Elena. Elle comprit le message et suivit son guide vers la liberté.

Anathael poursuivait la partie. Sa protégée hors de portée, il pouvait maintenant se permettre d'affronter son adversaire sans retenue. Le lieu sembla trembler alors que les murs prenaient parfois une teinte incandescente. Le cavalier d'Anathael vit sa monture prendre un feu beaucoup plus rougeoyant comme si l'Enfer n'était plus très loin. Son adversaire voulait booster ses troupes avec un nuage d'outre-tombe? Alors le monde souterrain nourrirait ses enfants.

Le chevalier s'élança alors que le dernier des griffons tombait détruit par la tour adverse.
Le seigneur ne bougea pas de son siège. La partie prenait un tournant décisif.

Le jeu ne l'amusait plus vraiment, il savait ce qu'il devait savoir. Le seigneur Anathael fut ébranlé sur son siège. Il avait l'impression qu'un troll avait utilisé une masse pour frapper encore et encore sur sa tête. Quelque chose de gros et de grand se muait au plus profond des nuages d'ombres. Le comte put voir une grande silhouette semblable à un corps gigantesque dans les ténèbres et deux immenses yeux d'un vert maléfique le regarder fixement durant ce qui sembla durer une fraction de seconde. Cela avait été si court, bref et son mal de tête si intense qu'il remit en cause ce qu'il avait vu? Tour joué par sa tête qui lui avait fait atrocement mal? Cela était possible, néanmoins quelques choses aux plus profonds de lui semblaient lui dire qu'il n'avait pas rêvé.

Ce fut le rugissement long et puissant qui émana de la brume suivie de bruits de fracas qui fit lever tout doute à Anathael. Les corbeaux et petits oiseaux s'envolèrent dans le ciel, Elena ne put se retenir de lancer un petit cri d’effrois et de surprises. La brume sembla s'élever doucement et tranquillement. Enfin, ce qui se trouvait dans l'ombre depuis tout ce temps se révélait. Il verrait la véritable nature de son ennemie, de celui qui avec tant de hargne traquait la fille. Malheureusement, il n'y avait rien: que du vide, des murs et des poutres fracassés.

-Je te propose un marché mortel.

La voix était arrivée de derrière Anatael, Barradrine se trouvait sur le toit juste au-dessus du balcon. Sous sa première forme et sans ses habits d'archimage de Soléandre. Ses maigres tissus flottaient librement au vent et de sa main gauche il tenait une immense faux. Tout en bas, les pions continuaient leurs combats, mais cela n'avait plus de réelle importance.

Spoiler:

- Donne moi la fille. En guise de ma bonne volonté....

La demi-liche fit un bref signe de la main et ses invocations disparurent simplement balayées du champ de bataille.

-Si tu refuses, je prendrai et ton corps et ton âme.

C'était de l'arrogance pure et simple, il menaçait d'un mort l'individu s'il refusait son offre et ceci après avoir enlevé ses pions du jeu...

Mortel... Le mot surprit Anathael. Il haussa un cil. Tout en se levant, il détailla son interlocuteur. L'apparence physique lui en apprenait beaucoup. C'était une sensation étrange que voilà. Il y avait une sorte de déjà vu comme si l'être lui était familier bien qu'il ne puisse pas mettre le doigt sur un souvenir de rencontre ou d'entretien. Un sourire vint illuminer le visage d'Anathael.

-La Faucheuse serait-elle venue passer un accord? ironisa l'homme avec un sourire en coin

Il se déplaça sur le côté gauche de son adversaire prêt à bondir sur son flanc. Mais il n'en fit rien et croisa ses mains dans le dos et se tourna résolument vers l'horizon.

-Je doute que tu ais un quelconque poids continua le seigneur. J'ai entendu parler d'une liche à la puissance assez colossale qui serait devenu le nouveau caniche de l'enfant à la tête de Soléandre...

L'homme claqua des doigts et ses pions disparurent en laissant l'écho de rires d'outre-tombe. Traiter avec une créature pareille le laissait d'une indifférence totale. Il poussa un léger soupir comme si tout cela l'agaçait bien qu'indéniablement, le face-à-face se révélait nettement plus intéressant.
Il finit par se tourner vers Barradrine.

-La fille n'est pas sujette à marchandage. C'est un être qui me divertit et me remplit de curiosité. Cette façon qu'elle a de penser, de réagir à son environnement m'intrigue, pour tout avouer... Je me contrefiche totalement des raisons pour lesquelles tu es après elle. Ce qui importe c'est les projets que j'ai pour elle. Donc trouve toi un autre contrat.

Le seigneur entreprit de descendre les escaliers.

-Ravi de t'avoir rencontré. Mais je n'ai guère de temps à t'accorder. Nous nous verrons peut-être à Soléandre...

Barradrine restait de marbres. Ainsi donc, son ennemie pensait avoir à faire à une liche? Il pensait pouvoir vaincre une liche, mais il n'avait aucune idée de ce qu'était réellement Barradrine. Il supposait trop rapidement, tel l'être orgueilleux qu'il était ceci l'amènerait à la mort. Heureusement, le mort-vivant était sage et patient. Sa longue existence lui avait permis d'acquérir ses deux importantes qualités. Il n'aurait pas voulu faire étale de sa toute-puissance devant un individu dont il ne connaissait pas le seigneur et pour qui il travaillait. Ses plans et sa nature devaient rester secrets. Un individu de sa force pouvait se révéler nuisible le moment venu ou un allié. Il devait en connaître plus... Le mort-vivant avait marqué la petite cible lorsqu’elle courait dans les ténèbres des nuages, elle ne l'avait pas vue, mais le mort si. Ainsi, il pourrait la retrouver le moment venu et avec elle il retrouverait Anathael.

Repensant aux paroles du Seigneur l'archimage lui répondit haut et fort même s'il ne le voyait plus.

-Je ne voulais pas passer un accord, mais marchander la durée restante de ton existence sur cette terre, mais il semblerait que le goût d'exister t'ait quitté. Le jour venu, ne m'implore pas, car c'est toi même qui as scellé la fin de ta misérable existence.

De sa main gauche Barradrine fit ouvrir un portail d'ombre qu'il traversa laissant la fille et son sauveur fuir où bon ils leur sembleraient.