Enquête de nature magique

Lorsque le premier arriva devant les grandes portes de la tour de magie, celles-ci s'ouvrirent seules dans un grand grincement qui fit relever la tête des gens aux alentours. Normalement, les portes ne grinçaient pas ainsi et aussi sinistrement. C'était là l'oeuvre de Barradrine, celles-ci s'ouvraient dans un sourd grincement qui résonnait jusqu'à lui. C'était sa propre façon de savoir qu'il avait de la visite. Bien entendu, les portes ne grinçaient que lorsqu'un sorcier ou un être avec un certain talent magique n'habitant pas la tour franchissaient la porte. Seul le talent magique avait une importance pour le mort-vivant.

Un petit larbin de couleurs bleues vint apparaître devant le marqué. Ses grands yeux regardèrent l'invité, il était effrayant, il plairait au maître. Ses petites mains s'approchèrent de l'individu pour toucher ses vêtements, mais se ravisa et ramena sa main vivement. Il ne voulait pas finir carboniser ou ensorceler.Le petit diablotin bleu fit une pirouette dans les airs tout en souriant, c'était sa façon d'accueillir les invités.

-Que puis-je pour vous sorciers, mon maître vous souhaite la bienvenue.

Sans même laisser le temps à l'inviter de répondre il lui empoigna la main. Cette petite créature n'était pas bien éduquée et ne faisait pas encore une bonne hôtesse. C'est pourquoi il ne pensa pas à prévenir son invité et il le téléporta avec lui. En une demi-fraction de seconde, le décor changea. Il se retrouva dans une pièce faiblement éclairée par des flammes vertes. Il n'y avait aucune fenêtre pour laisser entrer la lumière du jour. Le petit larbin s'était installé aux côtés de son maître.

Barradrine était assis sur un somptueux sofa constitué en grande partie de fourrures. Il n’avait pas son habit d'archimage. Il portait un masque en fer noir cachant son visage. Ses vêtements étaient horribles et sa toge était constituée de faciès humain. Sa faux était déposée sur ses genoux. Elle était grandement différente. Son manche était une colonne vertébrale d'une quelconque créature lisse et polie des crânes y était attachés et elle avait deux lames.

Par contre, tout ceci était secondaire. Chez lui, il n'amoindrissait pas son aura. Une sombre, puissante et sinistre aura se dégageait de son corps. Les ombres dansaient en dehors de la lumière et semblaient l'entourer. Ses yeux au travers du masque ne reflétaient aucune lumière, aucune lueur que le noir, le néant, le vide, la mort et pire encore. Ils étaient effrayants et semblaient vouloir l'aspirer lui et toute son énergie.

Premier comprenait pourquoi il sortait toujours vêtu de ses habits d'archimage, il évitait ainsi de créer la panique et la peur dans la population.Celui-ci était déjà assez lugubre et sinistre avec ses habits d'archimage, il n'avait pas besoin d'en rajouter.

Une grande table basse était installée à ses pieds et quelques autres sièges y étaient disposés. Tous avaient l'air doux et moelleux. C'était là quelque chose d'étrange, car le mort-vivant n'avait plus besoin de ce « luxe » depuis longtemps. Celui-ci montra du doigt un siège à son invité et lui fit signe de prendre place.

-Bien le bonjour ou le bonsoir à vous et désolé pour mon petit larbin il n'a pas fini son apprentissage. Il y a à boire et à manger si vous le voulez. Alors, que me vos votre visite? Quel est votre nom au fait?

L'accueil avait été rude, normalement le petit larbin aurait dû demander à l'inviter ce qu'il désirait et l'y conduire. Tant qu'à Barradrine, ce dernier n'était plus à jour depuis des lustres en matière de bonne manière.

- Je suis Premier.

La réponse était laconique, mais le Marqué estima qu'elle suffisait. Il pouvait adapter sa conduite à la compagnie dans laquelle il se trouvait, et devenir un hôte charmant si cela importait. Mais la plupart des personnes prêtant une importance aux bonnes manière devaient croire à la légende noire des marqués. Aussi prenait-il, la plupart du temps, une attitude froide, économisant ses mots.

En l’occurrence, Barradrine n'était probablement pas naïf sur la nature du Marqué, et il devait se douter que si celui-ci n'accorda pas le moindre regard à la nourriture qui lui était proposée, ce n'était pas en raison de sa "nature inhumaine".

Premier resta également debout devant la Liche. Comme un soldat devant un supérieur. Comme un assassin dans un lieu dangereux.

- Je viens de la part de Lord Thomas Eregain, mon maître. Il a un service à vous demander. Il désire, tout d'abord, de vous assurer de votre discrétion la plus totale à ce sujet. Nul ne doit rien savoir sur ce qu'il va vous demander de faire. Pas même vos honorés collègues du Conseil.

Après un instant de silence, il poursuivit :

- Son Altesse désire savoir si vous pouvez l'assister en matière de magie du sang et de divination.

Ainsi donc, le jeune duc jouait avec de la magie dangereuse. Cela n'étonnait pas Barradrine, chaque homme au pouvoir et qui était intéressé à celui-ci s'intéressait tôt ou tard à différentes formes de magie. C'était un instrument à leurs yeux, un instrument qu'ils ne voulaient pas oublier.

Le mort-vivant resta passif, la magie du sang n'était pas sa spécialité, il l'avait toujours considéré comme inférieur et dangereux, plus que d'autres magies à hauts niveaux, mais simple en contrepartie. Que voulait donc le duc? Un serment de fidélité ou de loyauté exécuter avec la magie du sang? Un pacte avec un esprit ou la longévité.

Barradrine pensa durant quelques secondes à envoyer Premier à Dravilimir, cet ancien humain avait su jouer avec la magie du sang comme personne d'autre. Celui-ci allongeait sa vie, un peu comme les vampires, mais sans en être un. Il le savait assez puissant pour propager la peste et la maladie qu'il enfermait dans son corps. Il suffisait d'une seule goutte de sang ou d'une plaie ouverte chez l'ennemie pour que ce monstre les tue. La chaire et le corps physique étaient si fragile, bulle d'air, sangs incompatibles, montés de pression dans les airs.

La demi-liche rectifia ses pensées, certaines choses devaient rester secrètes aux yeux des non-sorciers. Ses pensés revinrent à Premier. Il voyait ses chaînes. Il le plaignait en quelques sortes, c'était peut-être là la nouvelle invention baquienne. Une étude peut-être faite sur le sceau du chaos leur avait permis de faire ceci ou ils avaient inventé de leur propre chef tout le procédé. Ce qui démontrait bien leur dangerosité pour les sorciers...

-Et pourquoi donc j'irais parler à quelqu'un d'autre de ceci? Les intrigues politiques ne sont pas réellement ma spécialité. Tant que celui-ci ne vienne pas brimer mes droits sur la tour.

Le message était clair: laisse-moi tranquille ici et il ne dirait rien, par contre s'il cherchait à l'expulser il pourrait refaire sortir certains secrets. Pour l'instant, il n’y en avait pas, mais avec les années, les demandes ou services viendraient s'accumuler, que ce soit de lui ou d'autres, peut-être même d'autres membres du conseil. Normalement, personne n'aurait osé confier des choses comme ceci à quelqu'un de peu connu, mais son indifférent politique faisait de lui un parfait agent pour exécuter des tâches difficiles, secrètes ou sinistres...

-Pour ce qui est de la magie du sang, je suis persuadé que je pourrai sans aucun doute satisfaire les attentes du jeune duc. Pour ce qui est de la divination, il faudrait m'informer plus précisément de la demande. Ce domaine est grand et vague, s'agit-il de localiser un objet ou une personne? Voir dans la trame du futur le futur d'une personne? Repérer une quelconque magie dans un lieu? Détecté une quelconque maladie? Repérer les passages secrets dans le château ou s'assurer de l'identité de certaines personnes? Il y a tant de possibilités....

Le mort-vivant pouvait effectuer certains sorts de divination, par contre certaines choses lui étaient impossibles. Il n'était pas un devin ou un prêtre de Melesius.

Premier plongea sa main dans un repli de son vêtement, et en ressortit une fiole de Cristal remplie de sang.

- Il s'agit de localiser plusieurs personnes. Toutes celles présentant un rapport de parenté proche avec le propriétaire de ce sang. Frères, soeurs, parents, cousins. Il faudra que j'assiste à toute les manipulations faites sur cette fiole.

Le Marqué n'ajouta rien. Il attendait avant tout la confirmation que sa demande était réalisable.

Voilà qui était complexe, retrouver par le sang toute la parenté d'un individu. Si c’était là le sang d'un homme, il en aurait pour longtemps... La liche pensa tout de suite à ses solutions envisageables. Premier semblait vouloir que lui seul soit au courant de l'affaire, mais informer Dravlimir lui aurait tellement sauver du temps.

Puis il pensa à une solution, invoquer une créature, il devait bien connaître une créature capable d'effectuer cette tâche. Le mort-vivant se leva alors devant son invité

-Je devrais en être parfaitement capable. Je suppose que ceci est urgent, donc pourquoi donc ne pas commencer de ce pas?

Premier approuva d'un hochement de tête.

- Allons-y.

Barradrine se leva. Il fit signe à son invité de le suivre. Il ne monta pas à l'étage, mais se dirigea dans sa bibliothèque personnelle. Durant le court trajet, il se demanda qui avait insisté pour que Premier reste durant les manipulations. C'était là très intelligent, qui sait ce qu'aurait pu faire Barradrine avec une fiole du sang du Duc? Rien de bon s'en était certain. La pièce dans laquelle il entra était toute simple. Une table avec 3 chaises, et quelques étagères de livres, il n'y avait rien d'autre. L'Archimage fit venir à lui un livre, gros grand et fort vieux.

-Je connais de multiples créatures capables de retrouver un individu par le sang. Par contre, pour ce qui est de retrouver un membre de la famille...

Le mort-vivant chercha de page en page en vain, rien ne semblait le satisfaire. Il fit venir à lui un autre livre, puis un autre.

-Je ne crois pas qu'une créature magique puisse malheureusement être si précise pour retrouver les cousins grâce à un seul échantillon sanguin. Pour effectuer des manipulations magiques sur le sang...il me faudrait plus d'échantillons, il serait même mieux qu'ils ne viennent pas de la même personne. Heureusement, j'ai une solution.

La liche fit apparaître dans ses mains une coupe dorée qu'il déposa sur la table, il prit le flacon de sang et déposa son contenu dans la fiole. Tranquillement, la coupe se remplissait de sang et bientôt elle fut pleine. C'était étrange parce que la fiole était beaucoup plus petite. Après ceci, la liche plongea la fiole dans la coupe pour la ressortir une fois remplie.

-Très pratique cette coupe. Tout liquide que je mets dedans se voit multiplié pour remplir la remplir et ce tant que je ne la vide pas.

Le mort ferma la fiole qu'il rendit au masqué.

-Je pourrais grâce à ce sang créer une malédiction familiale. Cousins propres, parents, frères, sœurs en hériteraient. Rien de dangereux ou de mortel, mais assez pour paniquer les individus atteint. Vous n'auriez qu'à surveillez ceux « atteints » ils se rendront à un hôpital ou chez un guérisseur, même si ceux-ci ne pourront rien pour eux.

Je pourrais faire en sortes que leur chaires meurent et pourrissent sans que ceci soit dangereux pour eux,ni trop vite pour laisser leur corps guérir et empêcher infection. Un Changement de la couleur de l'épiderme ou de leurs vaisseaux sanguins. Une chose est sûre, je pourrais vous aider à trouver le premier « maudit » et après ceci il vous serait facile grâce à un simple sort de lectures des enchantements de reconnaitre la même malédiction chez les autres individus.

Toutes ces solutions étaient difficilement applicables, mais c'était faisable. Ceci nécessitait un long rituel, mais la liche devait pouvoir le faire.

-Si cela ne vous satisfait pas...je pourrais grâce à la fiole créer quelques golems de sang à votre disposition. Ils seraient capables en passant proches des cibles de reconnaîtres le lien de parenté. Un sort d'illusions ou de dissimulation pour vous aider à garder le secret de la mission serait envisageable. Quelle solution préfèreriez-vous ? Bien sur si ceci ne vous convient pas, il doit y avoir d'autres possibilités.

Premier écouta chacune des propositions de Baradrine. L'une d'entre elles, surtout, attira son attention. Il n'y avait pas songé une seule seconde, et pourtant, c'était si simple, si élégant.

- Le Maître aimera la malédiction familiale. Si vous parvenez à faire en sorte que tous ceux qui portent ce sang périssent rapidement par ce moyen, il vous en sera reconnaissant. Il sera également nécessaire que les éventuels survivants soient suffisamment marqués pour être reconnaissables.

Premier se tut un moment. Il réfléchissait.

- Une malédiction peut-être combattue par certaines bénédictions. Seriez vous en mesure d'identifier ceux qui viendraient à lutter contre vos pouvoirs si cela arrivait ?

La liche regarda Premier. Les tuer tous, et ce rapidement? Une malédiction n'avait pas pour but de tuer quelqu'un, mais bien de lui rendre la vie infernale. Pourquoi maudire quelqu'un si cela entrainait une mort rapide?Le mort-vivant s'attendait à mieux de la par de Premier en terme de connaissance magique.

-Une mort rapide est contre nature à une malédiction. Le but d'une malédiction n'est pas de tuer quelqu'un, mais de le faire souffrir, au mieux de lui donner une leçon. Par contre, il serait possible de rendre la malédiction mortelle, à long terme.

Barradrine changea de pièce par téléportation. Premier et lui se trouvaient maintenant dans un petit et simple laboratoire. Celui-ci n'avait rien d'extraordinaire à première vue. Le mort fit léviter la coupe jusqu'au fond de la pièce, là une étoile à neuf branches était tracée dans le sol. Le récipient se déposa tranquillement au centre de l'étoile. Bientôt l'étoile s'effaça pour laisser place à un autre symbole, celui du yin et du yang. Barradrine se retourna vers Premier à nouveau.

-Je vais vous faire une malédiction assez simple. J'effacerai une partie du bon sens des gens pour laisser une grande place à leurs émotions et plus ils se laisseront aller à leurs émotions plus elles les consumeront. Vous le verrez assez bien les veines de leurs bras noirciront et apparaitront à la surface de la peau. Une fois que les veines des bras atteindront le cœur celui-ci noircira et les jours restants de s victimes seront comptés en heure. Bien sûr la malédiction ne fera pas de différence entre bon et mauvaises émotions.

La demi-liche fit une pause, pour laisser le temps à Premier de penser à tout ceci.

-Étant le lanceur de la malédiction je saurai si quelqu'un la brise ou si quelqu'un l'interrompt par un quelconque moyen... De plus, ceci pourrait vous faciliter la tâche pour dissimuler la vraie nature des morts, car certains à la fin auront l'air fou, hystérique, etc.

Evidemment, ce serai un peu simple si un simple sort pouvait tuer sur le champ des gens dispersés sur le territoire de Soléandre. Mais il ne coûtait rien de demander.

Premier hocha donc la tête pour acquiescer.

- Cela me convient. Nous répandront la rumeur d'une épidémie nouvelles, et nous trouverons ainsi toutes les personnes présentant ces symptômes. Mon maître aimerai avoir quelques amulettes, disons trois, pour protéger des gens qui lui sont chers de cette malédiction. Amulettes, ou tout autre moyen de s'en protéger.

Dès qu'il aura ces amulettes en sa possession, nous pourrons commencer.

Le mort s'en était bien douté, il pensait bien savoir à qui appartenait le sang. Il avait déjà envisagé la possibilité de devoir protéger le propriétaire de ce sang. C'était retors et bien pensé. Un drow n'aurait pas fait mieux, le jeune duc avait un avenir brillant devant lui.

-Je les fabriquerai, ils seront plus sûrs. Acheter de tels objets serait risqué: pas assez puissant, défaillante, mal adapté à ma malédiction ou simple babiole. Je devrais effectuer une batterie de tests pour vérifier que l'objet effectue son travail.

La demi-liche n'avait pas tous les objets nécessaires à la composition de tels talismans ou bracelet. Par contre, se procurer les matériaux et composantes ne serait pas difficile. Il devait trouver de l'or ou de fer de bonne qualité pour accueillir sa magie ou du cuir appartenant à une créature magique. Bien sûr fabriquer lui même le fer ou l'or et incorporer sa magie dans le matériau aurait été mieux, mais il n'avait pas le temps et les moyens pour un tel processus.

-Revenez me voir dans deux jours, j'aurai vos amulettes et je serai prêt à lancer la malédiction. Je pourrais même la lancer aujourd'hui même avant de fabriquer les talismans, les gens maudits ne mourront pas en 3 jours...

- C'est un plaisir d'avoir affaire à vous, votre Excellence. Nous lancerons donc le sort dans deux jours. Il serai assez déplaisant que les membres de cette famille que nous voulons protéger se mettent à avoir un comportement émotionnel intempestif. Nous ne prendrons donc pas le risque.

Premier hésita un instant, puis décida de laisser la fiole de sang aux mains de l'Archimage. Un risque pour son maître, mais un risque calculé. Eregain avait ses propres protections magiques, bien sûr, mais elles ne seraient pas de grande utilité face à Baradrine, et il le savait. Aussi avait-il décidé, plutot que de choisir un méfiance vexatoire et inutile, de montrer sa confiance à l'Archimage.

Et le Marqué quitta la Tour. Sa mission semblait remplie, et son maître serai, il l'espérait, satisfait du résultat obtenu.

Les deux jours prévus s'étaient passés, et le Marqué revint sur le lieu du rendez-vous. Il était, cette fois, accompagné de deux hommes, des valets. Après avoir été amenés par les même inconfortables moyens en présence de l'Archimage, il s'inclinèrent devant celui qui avait titre de de Conseiller du Duc, puis Premier dit :

- Me voici, monseigneur. Ces hommes porteront les protections à ceux qui doivent les porter avant que ne commence le rituel.

La liche tendit doucement quatre amulettes aux valets. Les trois premiers bijoux étaient petits. Une perle totalement noire était collée sur un petit morceau d'or qui formait un cercle à l'intérieur duquel se trouvait une légère corde en soie. À première vue, ces bijoux semblaient totalement ordinaires. Toute la magie résidait dans la perle noire. Celui qui la regardait de plus près semblait aspirer par celle-ci. Elle ne reflétait aucune lumière et semblait l'absorber légèrement.

Le dernier pendentif était destiné au Duc. C'était un beau talisman, car Barradrine pensait qu'une belle babiole sur le Duc de Soléandre attirerait moins la curiosité qu'un quelconque talisman de seconde main. Ce bijou représentait un dragon en or. Ce dernier était agrippé à une autre perle noire, plus grosse et plus sombre que ses consoeurs. La bête semblait vouloir recouvrer la perle pour la protéger d'une quelconque attaque. Il aurait fallu un examen détaillé pour remarquer les fines runes qui étaient gravées sur les écailles de la bête.

Il fallait être un althaniar pour reconnaître là en ce dragon la représentation du Seigneur Tirhn'hul, roi des dragons noirs. Parmi les drows, il représentait la puissance, la force et l'invisibilité. Il était vénéré au même titre qu'un dieu. Aucun être sur terre ne pouvait égaler la puissance d'un seigneur Dragon. Fort heureusement, il était rare que ceux-ci se daignent sortir leur nez de leur tanière. Certains racontaient que des seigneurs dragons verts auraient été aperçus en archiduché durant la Grande Guerre. Ceci aurait pu intéresser la demi-liche, mais il n'était pas au courant de ces faits.

L'Archimage de la tour sentait la peur qui tiraillait les entrailles des valets en ce moment même. Ils semblaient mal à l'aise en présence de Barradrine. Au plus profond d'eux-mêmes ils ne désiraient qu'une chose : quitter cette sombre pièce et s'éloigner le plus loin possible de cet être monstrueux. Fort heureusement pour eux ils n'entendirent pas la voix d'outre-tombe de Barradrine, ni ne virent son visage dissimuler par une cape d'ombre. Ils furent amenés aux portes de la tour de magie par un larbin. Ce fut celui-ci qui expliqua que le dernier médaillon allait au Duc.

Barradrine avait consacré 1 jour entier à la conception du dernier talisman. IL avait donné de son temps et de son énergie. Il avait même pris soin de dépasser les attentes du duc, la perle le protégerait de la malédiction et d'autres sortilèges lancés contre lui. La bête protègerait le duc des projectiles ou armes s'attaquant à son corps de la même façon que des écailles de dragon.

Bien entendu, le mort ne mentionna pas ces ajouts au talisman. Il se contenta de penser à la difficile malédiction qu'il allait lancer et à l'énergie qu'il allait déployer. L'Archimage fit alors, pour la première fois, cas de Premier. Il ne fit que lancer quelques paroles de sa voix d'outre-tombe. Tandis que sa main gauche ouvrait un portail magique.

-Très bien cher jeune compère... j'ai installé le rituel dans l'endroit le plus haut de la tour de magie... tout près d'un des plus grands lieux de pouvoir de la cité.

Ce grand lieu de pouvoir ne pouvait être que le néxus de Soléandre. Premier n'avait jamais pu mettre les pieds si près de se lieu et pourtant il pouvait sentir son influence partout dans la cité. Il ne put que frémir en s'imaginant si proche d'un endroit si puissant et si dangereux à la fois.

Spoiler:

Normalement, la pièce la plus appropriée pour effectuer un quelconque rituel aurait été l'ancien bureau de Zurak Draken borg. C'était sans compnter les propriétés de la tour de magie à changer de forme selon les désirs de l'archimage de la tour. Ainsi, durant les derniers millénaires cet édifice avait changé d'apparence à plusieurs reprises. Malheureusement, Barradrine n'avait pas reçu son titre de l'ancien archimage, ni d'un pouvoir reconnu par l'ancienne tour de magie. La demi-liche avait du briser les défenses de la tour de magie à ses risques et périls pour prouver sa légitimité aux autres locataires de la tour.

Une nouvelle partie de la tour avait donc vu jour. C'était un balcon à l'air libre au sommet du bâtiment.
L'archimage et son invité traversèrent le portail pour s'y retrouver en un battement de cil. Premier eut un choc en atterrissant sur le balcon. Il eut du mal à respirer durant quelques secondes, le vent soufflait trop fort et l'oxygène à cette hauteur se faisait rare, mais ce qui le bouleversa réellement fut la magie qui vint imprégner son corps. Une fois remis de ce choc, il put jeter un rapide coup d'oeil à la pièce.

Sur le sol était dessiné un hexagramme. Il n'y avait là rien de bien complexe, le nord représentait la mort et le sud la vie. Les 4 autres pointes représentaient l'un des quatre éléments : une flamme, un peu de terre, un bol d'eau et un petit cyclone se tenaient sur chaque pointe. Au centre, ce trouvait un cœur encore chaud. Premier ne désirait pas connaître à quelles espèce ou race cet organe appartenait. La demi-liche vint se positionner sur le nord de l'étoile et désigna la pointe sud au marqué.

-Le rituel sera assez simple, je verserai une coupe du sang sur le coeur pour l'en imprégner. Celui-ci représente les sentiments et abimer dans le sang nous aurons le lien du sang unissant nos futurs maudits. Je ferai ensuite appel aux forces de magies nous entourant en incantant ma malédiction. Ne vous inquiétez pas si vous sentez un choc et surtout en aucun cas ne bouger de votre position, vous...briseriez le rituel.

Le ton de Barradrine était sombre et sévère. Le mort ne désirait pas créer une catastrophe en plein rituel, les conséquences seraient désastreuses.

-La magie du nexus vous traversera, vous le vivant, et elle vous fera mal, mais ne vous inquiétez pas. Puis, elle traversera le cœur noyer de sang, pour finir par me traverser moi, le mort. Vous représentez la vie, l'état dans lequel se trouve nos victimes, le cœur les sentiments qui les emporteront vers leur fatalité et moi la mort.

La magie était plus facile à pratiquer avec des symboles ou des thèmes qu'elle reconnaissait, des symboles...universels. Il n'y avait rien de plus mort et représentant la mort que Barradrine et aucune chose n'aurait mieux représenté la vie qu'un être vivant.

Premier resta parfaitement immobile, comme cela lui avait été indiqué. Contrairement à une idée reçue, il ressentait la douleur. Eregain avait tenté de créer des marqués insensibles, mais, incapables de s'économiser, ils mourraient vite. Les plus puissants d'entre eux avaient donc accès à des sensations précises. En plus d'améliorer leur longévité, cela les rendait plus adroits, plus intuitifs que leurs premiers frères.

Premier fit donc ce que n'importe quel humain aurai fait à sa place. Il mis un morceau de cuir dans sa bouche au cas où la douleur annoncée serai insupportable, et serra les dents.

Pendant ce temps, Eregain, au Palais, mettait autour de son cou l'amulette qui lui avait été préparée, et attendait les résultats de cette magie qu'il avait commandé.

Barradrine commença à incanter d'une voix haute et sombre. Premier ne reconnut pas la langue, car il ne s'agissait pas là du commun, ni du drow ou tout autre langue connut. En tout premier lieu, rien ne se passa, puis le ciel sembla s'assombrir et de petits nuages sombres se formèrent tout autour de la tour. Le cercle dans lequel se trouvait Premier et Barradrine commença à s'agiter, les divers éléments semblaient vouloir partir à la conquête du ciel. Puis, au-dessus de leur tête vint apparaître un milliard de petites étincelles de lumière pure....non de magie pure.

Les nuages noirs semblaient attirer l'énergie magique du néxus de Soléandre....regardant plus attentivement le marqué put remarquer que les nuages noirs semblaient apparaître du corps du mort-vivant. C'est alors qu'il comprit qu'il s’agissait là d'une partie de l'énergie maléfique du mort...

Les quatre éléments semblaient de plus plus en plus déchaînés avec l'approche de l'énergie du nexus. La voix de Barradrine monta d'une tonalité et sembla devenir plus sombre. Ce fut à ce moment que l'énergie magique entra en contact avec l'hexagramme et le rituel. Les éléments, l'énergie sombre de Barradrine et celle du négus se mélangèrent dans un lourd vacarme ressemblant au tonnerre, puis peu à peu premier sentit cette tempête d'énergie déferler en lui et entrer dans chaque port de sa peau.

Contrairement à ce qu'avait dit Barradrine, la douleur n'était pas si horrible, c'était même supportable. Par contre, le sentiment de toute puissance qui habitait Premier n'avait pas sa pareille. Il pensait pouvoir raser Soléandre au complet, voir terrasser Barradrine s'il le voulait! Puis, l'énergie commença à le quitter pour habiter le cœur. Premier se pencha de douleur, il avait l'impression que des griffes acérées tirait ses entrailles hors de son corps en même temps que la magie. La douleur était grande, mais il ne devait pas quitter le cercle c'était primordial.

Ce fut à se moment qu'il remarqua que ses vêtements partaient en lambeau consommer par l'accès de magie, la situation était alarmante, il avait reçu trop d'énergie pour un corps mortel ce qui entraînait sa dégradation. Puis, il remarqua quelque chose de plus infime, l'énergie du rituel commençait à entraîner sa propre énergie vitale dans le cœur et il sentait son corps s'affaiblir.

Le mort-vivant l'avait trompé, il ne sentirait pas que de la douleur, le rituel lui coûterait s'il le complétait ! Son énergie vitale disparaîtrait ou ce serait son corps qui se dégraderait suite à une « overdose » d'énergie...

Mais Premier avait reçu un ordre très clair. Il fallait que ce rituel soit fait. Il n'avait plus d'âme, plus d'instinct de survie. Il ne vivait que pour obéir à son maître. Et si le seul moyen d'obéir était de mourir, alors il mourrait.

Premier fit le choix de mener le rituel au bout, coûte que coûte.

Et premier mourut son énergie fut aspirée et son corps s'en vola en poussière, le cœur commença à battre avant de se voir noircir, puis à son tour il disparut. Toute l'énergie traversa le corps de Baras pour rejoindre à nouveau le nexus de Soléandre pour se disperser dans le monde. La malédiction avait été lancé avec succès.

La mort de Premier n'avait pas été nécessaire, il fallait simplement un sacrifice d'un être humain pour ranimer le cœur quelques instants, mais il avait pris Premier par mesure de sécurité. Il était clair que la demi-liche n'appréciait pas partager ses rituels, secrets avec quelqu'un. Un autre mage pourrait selon son niveau les reproduire, découvrir moult petits secrets ou analyser la réelle force de l'archimage. Pour se garder en sécurité que ses secrets restent secrets et être toujours utiles à Soléandre Baras préférait mettre à mort Premier.


S'il avait décidé de garder le marqué en vie il n'aurait rien changé au rituel...jusqu'à la dernière minute. Seulement si Premier aurait eu un désir de survivre, un désir malgré tous les ordres et punitions envisageables que lui aurait donné Eregain. Le marqué n'avait au final eu aucune ambition, aucun désir, nul espoir en la vie. Il avait eu longtemps la force de lutter, mais il n'avait rien fait. Au final, le marqué c'était révélé être un instrument docile et sans danger, plus efficace et dangereux qu'un mort-vivant automate. Même si ce qu'était devenu l'homme se rapprochait plus d'un mort-vivant qu'un d'un être vivant.

Ainsi, Barradrine avait compris à quel point les marqués étaient brisés, à quel point ils devaient souffrir! Ce n'était plus des hommes, ni des mages, mais de simple jouet qui serait remplacé à leur mort. C'était horriblement sadique et digne d'un être avec de très grandes ambitions. La demi-liche commença à réfléchir au-dessus de la tour. Devait-il trouver un moyen de libérer les marqués? Devait-il au contraire chercher lui-même à reproduire cette marque, mais ce qui l'amusait le plus était Eregain. Le dirigeant de cette cité était corrompu, mais le mort avait la sensation qu'il avait simplement grattée à la surface de cet homme et que le plus mauvais restait à venir.